« À une époque fort reculée, alors que la peste ravageait les communautés de notre région, décimant les foyers riches ou pauvres (…) une très vieille paysanne, que ni la crainte de l’épidémie ni la peur de la mort n’effrayaient, revint donner vie au village à sa façon »… Telle est la légende qui est objet de curiosité, précieusement renfermée dans le livre « Gassin au fil du temps » de l’écrivaine Colette Peirugues, ancienne archiviste de la commune et historienne locale. De quelle manière y est-elle parvenue ? « Chaque soir, elle transportait de maison en maison une poignée de braises dans ses paumes réunies sans jamais se brûler ! (…) C’est là le miracle ou l’origine démoniaque de l’appellation… »
La légende, la poésie des hommes
Sur les hauteurs de ce vieux village médiéval, les visiteurs, massés autour de la table d’orientation, écoutent attentivement les explications de la guide-interprète :« cette légende existe depuis des temps immémoriaux. Bien d’autres histoires sont racontées sur Gassin comme celle de Valentine, la postière très prude qui descendait tous les jours à la gare. La Provence est une terre de légendes ! Et la légende, c’est la poésie des hommes !… ». À l’affût du moindre indice qui confirmerait les bruits d’antan, la visite se poursuit de ruelle en venelle. Rue Tasco, la plus haute du village, rue de l’Androuno la plus étroite au monde (29 cm) ou encore le village le plus ancien du Golfe de Saint-Tropez… c’est le village de tous les superlatifs !D’où surgit cette fable qui a survécu aux siècles ? L’auteure du livre répond : « je ne sais même plus comment cette légende est apparue… J’ai voulu la mentionner dans mon livre car elle fait partie de l’histoire du village ».
« Ma sorcière bien-aimée »
Mais qui est donc cette vieille dame aux pouvoirs surprenants qui sauva le village de Gassin de l’invasion des Sarazins ? « Fallait-il qu’elle soit sorcière pour maintenir l’activité des cheminées ? » se questionne Colette Peirugues.Anne-MarieMarcelino, présidente de l’association folklorique Leï masco à Gassin précise : « c’est une jolie histoire car les sorcières ou ‘lei masco’ ne sont pas méchantes. Elles utilisent leurs connaissances sur les plantes pour soigner les habitants et faire le bien. C’est pourquoi nous l’avons nommé ainsi notre association ».
De la légende au tourisme
Aujourd’hui, la légende fait partie du tourisme et du charme de ce village médiéval, niché à 200 mètres d’altitudes. Classé parmi les plus beaux villages de France, Gassin enrichit son palmarès avec deux nouvelles labellisations nationales : « commune touristique » en 2016 et « station de tourisme » en 2019. Et ceci n’est pas une légende…