Un Blackface dans l’émission « 7 à 8 » fait polémique
Written by Guy Etienne on lundi 17 février 2020
Depuis la diffusion dimanche d’un témoignage dans l’émission « 7 à 8 » sur TF1, de nombreux internautes réagissent sur la toile. Comment, en 2020, une jeune fille qui témoigne de son passé de prostituée peut-elle être grimée en noir avec une perruque frisée ?
Karine Zabulon
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Dans le portrait de la semaine de l’émission « 7 à 8 » diffusé dimanche 16 février, TF1 proposait le témoignage d’une jeune fille appelée Nina. Avec son père, elle parle des années durant lesquelles elle s’est prostituée à l’âge de 15 ans. Pour en parler à visage découvert, elle est grimée en noir et porte une perruque. Pourquoi ce procédé ?
Les explications de la production
Appelé par Outre-mer la 1ère, et après l’envoi de mails comportant de nombreuses questions, la réponse se fait par le biais d’un communiqué laconique de la production de « 7 à 8 », Eléphant & Cie.
La priorité de la production a été de préserver et protéger l’anonymat du témoin. 7 à 8 ne floute jamais la partie portrait de l’émission. Personne ne peut dire aujourd’hui qu’elle est l’origine de cette personne et c’est ce qui importait à la production. Ce grimage avait pour unique objectif de préserver l’intérêt du témoin et en aucun cas une quelconque forme de dénigrement.
– Communiqué de presse d’Eléphant & Cie
Le présentateur et rédacteur en chef de l’émission, Harry Roselmack, lui aussi interpellé sur Twitter fustige cette polémique et explique la démarche des équipes afin de préserver l’anonymat de « Nina ».
Nous ne sommes pas en l’espèce dans le déguisement. Nous ne sommes pas dans une démarche d’agrément, de divertissement, de moquerie, de stigmatisation. C’est un maquillage destiné à préserver au mieux l’anonymat d’une personne mineure qui témoigne d’un vécu qui pourrait lui porter préjudice si elle y est associée dans son quotidien. Nous ne sommes donc pas dans une démarche constitutive d’un blackface.
– Harry Roselmack
Le journaliste, dans sa tribune que vous pourrez lire à la fin de cet article, précise qu’il est arrivé aussi « d’éclaircir une femme noire pour lui permettre de témoigner dans notre Portrait de la semaine. Doit-on y voir un procédé raciste ? », interroge t-il.
Pas convaincus
De nombreux internautes s’interrogent sur cette pratique afin de préserver l’anonymat de cette jeune fille.
Non #septahuit on ne fait pas un black face pour masquer l’identité lors d’une interview sur la prostitution, c’est de la provocation et de l’irrespect pic.twitter.com/zqnX0ntP9X
— Maëlle (@AboleyMaelle) February 16, 2020
D’autres internautes alertent le CSA.
@csaudiovisuel est-ce normal de faire un blackface dans une émission à grandes heures d’écoute ? Pas de sanctions contre tf1 ? https://t.co/5TAbqvBkyG
— 23 Amiens Street – #UnispourAmiens ⚫⚪ (@23AmiensStreet) February 17, 2020
Qu’est-ce que le blackface?
C’est une pratique qui consiste pour une personne blanche à se maquiller en noir. Elle a fait son apparition au théâtre américain au XIXè siècle et a pris de l’ampleur. Elle est qualifiée de pratique raciste et suscite régulièrement l’indignation. Saisi dans une affaire de blackface en 2017, le défenseur des droits avait par ailleurs précisé que « nul n’ignore que le fait de se grimer en noir renvoie à une vision péjorative et humiliante des personnes noires ».