Les Ocres de Roussillon, un des joyaux de la Région Sud

Written by on mercredi 20 mai 2020

Notre Région Sud détient des paysages à couper le souffle et d’une diversité extraordinaire. Bien au-delà du chauvinisme, c’est bel et bien une réalité pour les habitants. Particulièrement en ces temps de déconfinement progressif, où pour les raisons sanitaires que nous connaissons tous, il est préférable de ne pas s’éloigner au-delà de 100 kilomètres.

Pour s’évader, mettez le cap vers les carrières de Bruoux, Gargas ou plongez votre regard dans l’exceptionnel Colorado provençal !

Tout débute par une légende…sanglante

Au XIIe siècle, le tyrannique Monseigneur Raymond d’Avignon épousa Dame Sermonde. La passion pour la chasse du triste seigneur laissait trop souvent la Dame esseulée. Par bonheur, le troubadour Guillaume de Cabestan, fils du seigneur du même nom des Hautes-Alpes, séjournait à Roussillon pour parfaire son apprentissage de chevalier. La solitude de la jeune Dame et le talent du troubadour ne tardèrent pas à se rapprocher, mais cette complicité parvint aux oreilles du mari chasseur. Le cruel seigneur convia le jeune amant à une chasse, le tua d’un coup de dague et fit manger son cœur à sa jeune épouse. En l’apprenant, Dame Sermonde au désespoir, se précipita du haut des falaises de Roussillon que la couleur de son sang colore à jamais.

Et la vraie histoire…

Pour commencer qu’est-ce que l’ocre ?

L’ocre est une roche composée d’argile et d’oxyde de fer. Composé à 80% de sable de quartz, c’est un pigment naturel. L’oxyde de fer le colore du jaune au violet, selon le pourcentage d’hydroxyde de fer présent dans la roche. Utilisé comme pigment depuis la préhistoire, (Lascaux témoigne de sa longévité et de la beauté de ses applications), l’ocre est utilisé autant en maçonnerie que comme peinture naturelle par les artistes depuis toujours. De plus l’ocre est non toxique.

Comment s’est-il formé ?

Il y a 230 millions d’années, la Provence est recouverte par la mer. Les sédiments s’accumulent au fond des eaux et forment les calcaires blancs qui deviendront le Mont Ventoux, le Massif du Luberon, la Sainte Victoire, les Calanques, … Vers – 110 millions d’années, la mer s’approfondit. Des argiles grises recouvrent peu à peu les calcaires. Le bassin se comble petit à petit avec des sables verts due à la présence d’atomes de fer. 10 millions d’années plus tard, la Provence émerge sous un climat tropical. Les pluies diluviennes altèrent les sables verts émergés ; les eaux qui circulent en profondeur dissolvent les composants prisonniers du sable. Le lessivage des oxydes de fer laisse apparaitre des sables colorés par la goethite pour la couleur jaune et l’hématite pour la couleur rouge. Les sables ocreux autrement dit l’ocre est présent dans le sol sous forme de sédiments.

L’exploitation de l’ocre par l’homme.

Jean Etienne Astier développe cette idée et en 1790, le conseil municipal de Roussillon lui donne la permission d’utiliser le moulin à huile du village, pour fabriquer de l’ocre, matière aux couleurs inaltérables et aux mille nuances. 

Il est le premier à avoir l’idée de séparer l’ocre du sable. Il extrait le pigment des falaises, le lave dans un pétrin de boulanger avec de l’eau. Ensuite, il le sèche, et le broie au moyen de rouleaux de pierre, et plus tard dans le moulin à huile communal. Enfin, il le transporte à dos de mulet jusqu’à Marseille. Dela cité phocéenne, l’ocre est exportée dans le monde entier. Le milieu du XIXe siècle marque l’apogée de l’industrie ocrière. Les ocres sont exploitées à ciel ouvert dans les communes de Gargas, Gignac, Mormoiron, Roussillon, Rustrel, Saint-Pantaléon, Villars et Villes-sur-Auzon. La production atteint 18.000 tonnes et est exportée sur tout le globe. Mais à partir de 1875, il faut passer à l’extraction souterraine, creuser des galeries et des puits, 40 000 tonnes sortent de terre. C’est un marché florissant dès le début des années 1880, en raison de l’arrivée du chemin de fer en pays d’Apt en 1876, les carrières se multiplient.

Mais le minerai devient plus cher. Les sociétés d’ocre de Bourgogne prennent contact avec celles du Vaucluse puis créent en 1901, la Société des Ocres de France.

Ce sera un succès jusqu’en 1929, où les effets de la crise économique mondiale n’épargnent pas l’industrie de l’ocre. C’est la fermeture en masse des usines.

La Société des Ocres parvient à maintenir son activité jusqu’en 1973. Mais elle périclite lorsque les colorants chimiques font leurs apparitions. Elle fut cependant relevé par un homme, puis une famille. La même gère toujours cette société qui est la seule à vendre et exploiter les ocres du Luberon en ce XXIe siècle.Elle demeure la dernière entreprise qui exploite et transforme le sable ocreux en ocre pure, dans son usine d’Apt et perpétue l’industrie ocrière grâce à sa carrière, à Gargas, la dernière en activité en Europe.

Entre géologie et exploitation minière : naissance de sites exceptionnels

L’activité ocrière de Gargas est toujours reconnue pour la qualité de ses ocres jaunes, c’est en ce lieu que la dernière carrière d’ocre d’Europe est encore en activité. À Roussillon, vieux village de Provence, classé parmi les plus beaux de France, où l’exploitation des ocres a débuté ou encore vers les carrières de Bruoux, sans oublier le somptueux Colorado provençal de Rustrel, seuls les vestiges de cette activités ont laissé des traces indélébiles. La géologie spécifique de cette zone du pays d’Apt et les activités humaines qui l’ont façonnées ont fait de ces lieux de véritables joyaux de Rotre région Sud.

L’industrie ocrière, conjuguée à l’érosion, ont en effet créé des paysages spectaculaires qui sont devenu un patrimoine à préserver au cœur du Luberon. Ces villages proposent un tourisme responsable et durable.   

Tous ces bourgs et villages proposent le plaisir simple mais saisissant de balades sur le Sentier des Ocres. Vous y trouverez tour à tour, la Chaussée des géants, de magnifiques cheminées de fées et des sculptures naturelles dues à l’eau, au vent ou à l’homme. 

 

Un tourisme né d’une activité ancestrale

L’important gisement de Rustrel a valu à ses carrières le nom évocateur de Colorado provençal. Résultat du travail réalisé par quatre générations d’ocriers et de paysans, le site couvre plus de 100 hectares. L’abbé Martel, en arpentant les sentiers de la commune dans le but de créer le GR 6, baptise le site « Colorado provençal », pour les couleurs incroyables qui rappellent celles du canyon américain et surtout car Colorado en Provençal signifie « rouge ». Voici une petite sélection non exhaustive des invitations à la rêverie en pays d’Apt.

L’ocre en splendeur…

Le Colorado de Rustrel où toute la gamme des ocres jaunes, rouges, orangées, brunes, jusqu’au vert et au mauve est représentée. Le paysage (falaises, cirques, cheminées et collines), résultat de l’exploitation de l’ocre, est caractéristique des zones silicieuses. Pins maritimes, bruyères, châtaigniers y poussent en abondance. Unique au monde, des dizaines de kilomètres de galeries. Un site majestueux pour découvrir le travail d’extraction de l’ocre.

La carrière « cathédrale » de Bruoux »

Un site majestueux, associant richesses naturelles et historiques. Des galeries impressionnantes, voûtées, en forme d’ogive ou même en plein cintre, jusqu’à 15 mètres de hauteur forment une véritable cathédrale minérale.


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