Loin de l’ouest américain, l’univers cinématographique des cowboys et des indiens a connu ses premiers pas en… Camargue ! Une histoire incroyable que l’on doit à la passion du marquis et manadier camarguais, Folco de Baroncelli, pour les chevauchées vécues à travers les lectures de son enfance sur la conquête de l’Ouest américain.
Quand le rêve devient réalité
En 1905 à Paris, Folco de Baroncelli assiste à un spectacle équestre de Buffalo Bill, figure mythique de la conquête de l’Ouest. À cette occasion, il rencontre Joë Hamman, un jeune français talentueux, à la fois acteur, cavalier et cascadeur participant au show. Féru d’épopées chevaleresques, il propose à Joë Hamman, véritable cowboy à la française, de venir tourner sur ces terres natales, en Camargue qui apparaît comme le décor parfait pour tourner des scènes de western.
Le cowboy à la française
Pour son jeu d’acteur, Jöe Hamman s’inspire de son expérience auprès d’indiens Sioux d’Amérique qu’il a pu côtoyer durant son adolescence lorsque son père, marchand d’art part aux États-Unis pour acheter des œuvres. Durant cette période, le jeune Hamman travaille comme cowboy dans un ranch où il fait la rencontre de Buffalo Bill qui lui propose d’intégrer sa troupe. Ils seront ensuite les héros de plusieurs films de western tournés par le réalisateur Jean Durand, pionnier du cinéma muet. En les invitant à tourner en Camargue, Baroncelli contribue à changer le cours de l’histoire du western et celui de son territoire natal, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Naissance du western camarguais
Dans les années 1910, les projecteurs sont tournés en direction de la Camargue avec la réalisation de films inspirés du Far West américain sous la direction de Jean Durand. Avec ses grands espaces arides, peuplés de taureaux, de chevaux et d’oiseaux cohabitant avec les manadiers et les gardians, le Delta du Rhône apparaît comme une terre promise pour la production de western cinématographique. Une vingtaine de films d’aventure y sont ainsi tournés entre 1909 et 1914 : Pendaison à Jefferson City, La Prairie est en feu, Cent dollars mort ou vif… Pour incarner leurs rôles, les acteurs, recrutés localement, se parent des costumes rapportés notamment par Joë Hamman de ses voyages et ceux offerts par les indiens à Baroncelli : coiffes d’indiens, chapeaux Stetson, pare-culottes en toison de mouton, selles….
Le western français d’après-guerre
La Première Guerre fait rage et annonce le clap de fin au western camarguais. Quelques années plus tard, le genre est repris en Amérique où les tournages se réalisent dans le Far West. Difficile de rivaliser… Alors pour se démarquer, Folco de Baroncelli a une idée de génie ! Après la guerre, il invente un nouveau Far West camarguais, cette fois-ci aux couleurs locales, c’est-à-dire en intégrant la culture camarguaise. La Camargue a de nouveau le vent en poupe. À cette même période, d’autres réalisateurs viennent y tourner des œuvres d’inspiration régionales comme Mireille d’après Frédéric Mistral, Le Roi de Camargue d’après Jean Aicard ou encore L’Arlésienne d’après Alphonse Daudet.