Et pour la toute première édition du label : « Une année, un auteur », le choix de Jean Giono s’est imposé. La corrélation avec le cinquantenaire de sa mort, commémoré en 2019 sur tout le territoire régional, au même titre que la production prolifique de l’artiste sous ses multiples formes, le désignait naturellement pour ouvrir le bal de cette opération. L’occasion de découvrir ou redécouvrir la richesse de l’œuvre de Giono sous tous les aspects mosaïques de ses talents.
Giono : le style, la Provence, le pacifisme, la nature, le désir…
Auteur majeur du XXe siècle, Giono demeure inclassable. Né et décédé à Manosque, son enfance pauvre et heureuse représente pour lui un âge d’or dont il fera revivre l’atmosphère dans ces œuvres tout au long de sa vie.
Ce bonheur se heurte à l’horreur absolue de la grande guerre, dont il gardera les stigmates psychologiques sa vie durant. Il en sort indemne mais viscéralement pacifiste. Démobilisé, il se marie : il aura deux filles.
Ce « voyageur immobile » sans entregent, écrit à Manosque alors qu’il gagne sa vie comme employé de banque. Il a 35 ans, lorsque son roman « Colline » rencontre le succès et le révèle auprès du public. Ce succès permet à Giono de vivre de sa plume, lui qui se perçoit comme un bon artisan.
Loin de l’écrivain très régionaliste que certains ont voulu dépeindre, il a toujours inventé des histoires qui l’éloigne d’une réalité trop décevante. Mais son combat a toujours été plus général, dirigé contre la civilisation technique moderne. Précurseur de l’écologie, son roman Que ma joie demeure (1935) enthousiasme nombre de jeunes.
La Grande guerre a brisé ses convictions. La seconde anéantit ses illusions de pacifiste. Ses divergences avec les communistes lui valent une mise au ban de toute publication de 1944 à 1950. Son écriture prend alors un nouveau virage, se centrant plus sur les hommes et leurs destins d’exception. Il publie à nouveau dès 1951, voyage enfin et publie des ouvrages où sa liberté devient sa marque. Elu à l’Académie Goncourt en 1954, il s’ouvre alors au cinéma, écrivant scénarios, dialogues, mises en scène…
Giono fut cet écrivain libre, à l’écart de tous les poncifs et lui ont valu d’être souvent exclu. Mais la liberté n’a-t-elle pas toujours été le luxe suprême qui suscite l’envie des plus puissants ?
Au-delà de son œuvre, visitez : La Maison de Giono à Manosque
Achetée par Giono en 1929, alors que ses premiers romans viennent de paraître, la bâtisse du « Paraïs » permet à Giono de mener une vie simple, aux côtés d’Élise, son épouse, et de ses filles, Aline et Sylvie. Il y accueillera notamment le peintre Lucien Jacques qui décore la maison de plusieurs peintures murales. Au fil des années, Giono la transforme et l’agrandit pour constituer, au fil des années, une imposante bibliothèque de 8 500 ouvrages témoignant de ses goûts littéraires, de sa curiosité intellectuelle et de son immense culture. Il y meurt en octobre 1970. Demeuré propriété familiale jusqu’en 2016, le « Paraïs » est racheté par la Ville de Manosque, tandis que l’association des Amis de Jean Giono fait l’acquisition de la bibliothèque et du mobilier conservés dans la maison. Le « Paraïs » est protégé au titre des monuments historiques depuis 1996, labellisé par le Ministère de la Culture « Patrimoine du XXe siècle » en 2008.
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