A l’hôpital Sainte Musse de Toulon, face à la pénurie de masques, un atelier inédit a été mis en place mercredi 18 mars. Dans un espace stérile, des centaines de petites mains, désinfectées toutes les demi-heures, s’attèlent à vérifier le bon état d’un stock de masques de protection de type FFP2 (non chirurgicaux). Un travail minutieux effectué par les élèves de l’Institut de formation public varois des professions de santé publique (IFPVPSP). Mobilisés et motivés, ils ont répondu présent à l’appel lancé dans le cadre du « Plan blanc » déclenché par l’Etat le 6 mars dernier dans tous les hôpitaux de France.
« Enthousiastes et solidaires »
Résultat : en moins de 3 jours, 44 000 masques jamais utilisés issus d’anciens stocks de l’hôpital ont été vérifiés et sont désormais prêts à l’utilisation par les personnels de l’établissement. Le travail se poursuit jusqu’à ce que tout le stock soit reconditionné.
L’institut ne ménage pas sa peine et fournit tous les jours des groupes de 20 élèves délégués sur place pour prêter main forte. « Ils sont crevés, mais enthousiastes et solidaires, réquisitionnés dans le cadre de la réserve sanitaire en région mais volontaires et heureux de participer à l’effort collectif contre la propagation du Covid-19 ! », explique Josy Chambon, directrice de l’Institut de formation public varois des professions de santé publique (IFPVPS) à La Garde, et conseillère régionale.
Joint par téléphone vendredi 20 mars au soir,Thibaud Arnaud des Lions, directeur adjoint de l’hôpital Sainte Musse et directeur des achats du Groupement hospitalier de territoire du Var explique avoir voulu anticiper les risques de pénurie, n’ayant aucune certitude sur les réapprovisionnements à venir. « Nous devons protéger nos personnels les plus exposés aux patients atteints du Covid-19. Nous avons donc décidé de faire appel à l’IFPVPS pour réparer les 70 000 masques FFP2 dont nous disposions, périmés mais performants une fois restaurés. La mousse enrobant la barrette métallique qui doit se positionner sur le nez s’étant parfois désagrégée, les étudiants de l’IFPVPS protègent cette partie-là avec un revêtement sparadrap. »
« Ça bosse dur »
Le tout premier atelier de mercredi dernier a regroupé de 20 élèves infirmiers de deuxième année. Ils ont ensuite été relayés par des étudiantes auxiliaires de puériculture. « Chaque groupe est encadré par un cadre formateur de l’IFPVPS », explique Eric Ciurnelli, responsable du groupe de vendredi 20. L’infirmier-anesthésiste est visiblement admiratif du travail sérieux et appliqué des élèves : « Ca bosse dur et dans la bonne humeur, je vois bien leur motivation en tant que futurs professionnels de santé, ils ont conscience de l’importance des mesures de protection et des gestes barrières ». Pour Julie, future auxiliaire de puériculture sur le pont ce jour-là, « venir aider, c’était juste une évidence. Il n’y a pas de petites aides, ce qu’on fait, on le fait avec le cœur ». Morgane, elle, a préféré participer « plutôt que de rester confinée, ça me tenait à cœur ! »
Prochain atelier : le reconditionnement du gel hydralcoolique
Une fois la mise en conformité du stock de masques FFP2 achevée, dans les jours qui viennent, un atelier gel hydroalcoolique est envisagé. « Nous allons bientôt commencer notre propre production, projette le directeur adjoint de l’hôpital de Sainte Musse. Il faudra donc reconditionner le gel en petits flacons de 100 ml. » Josy Chambon, directrice de l’IFPVPS de la Garde, a confirmé que son établissement poursuivrait sa contribution. Bel exemple de mobilisation. Partout en région, la solidarité s’organise et chacun, à son niveau, participe à la guerre sanitaire sans compter ses heures.