Cécile a attrapé le virus de la mer quand elle était petite, alors qu’elle passait ses étés sur la presqu’île de Giens. « J’ai adoré aller sur l’eau, poussée par le vent, » se souvient-elle. Très vite, cette fille d’agriculteurs devient mordue de voile, prête à saisir toutes les occasions pour naviguer. « Vers 17 ans, j’ai arpenté toutes les écoles de Marseille, leur proposant mon aide en échange d’un apprentissage de la navigation. Seule intéressée : une association à L’Estaque qui faisait partager la passion de la mer à des personnes handicapées. J’ai découvert que le bateau était un super outil pour vivre des choses ensemble. » Depuis, elle n’a cessé de provoquer ce type d’échanges et partager ses rêves avec des personnes souvent en difficulté, leur redonnant le sourire ou un peu de confiance en elles.
J’ai découvert que le bateau était un super outil pour vivre des choses ensemble
« Quand j’ai créé Fifrelin, je revenais d’une première traversée de l’Atlantique en solitaire, raconte la navigatrice. Cette course m’a beaucoup appris sur ma relation aux autres et ce que je voulais partager avec eux. »
Son association a pris encore plus de sens lorsqu’elle a décidé de monter un projet de bout en bout pour participer à la Route du Rhum. « Pour moi, ça ne servait à rien de passer deux ans à fabriquer un bateau, chercher 300 000 euros pour faire 3 semaines de course, s’il n’y avait pas d’histoire derrière… »
C’est là qu’a commencé son action auprès des jeunes. Cécile a notamment rencontré les équipes des lycées professionnels de Port-de-Bouc, de l’Estaque et de La Pointe Rouge à Marseille, qui proposent des formations en maintenance nautique.
« Ces gamins sortent d’un bac pro sans avoir jamais vu un bateau sur l’eau de leur vie !, s’exclame Cécile. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. » Depuis, avec l’aide de la Région, elle fait naviguer près de 150 lycéens chaque année, leur apprend à bricoler sur un vrai bateau, les amène sur les chantiers de très gros yachts, rencontrer des sauveteurs bénévoles, des pêcheurs… Elle les sensibilise également à la culture maritime, au respect de l’environnement.
Le vrai enjeu ici est d’arriver à démocratiser la mer.
« Sur l’eau, tout le monde est au même niveau. Les profs voient leurs élèves différemment, celui qui ne tient pas en place monter la voile en 2 temps 3 mouvements. Il y a une posture qui redevient celle de la vie. C’est génial ! » Pour les jeunes, c’est aussi l’occasion de connaître la réalité des métiers de la mer et les perspectives que cela peut leur ouvrir. « C’est un milieu qu’ils ne connaissent pas, constate Cécile. Ici, ça n’est pas comme en Bretagne. Il y a la mer partout mais c’est complètement fermé, inaccessible. Pour moi, le vrai enjeu ici est d’arriver à démocratiser la mer. » Même s’il y a encore beaucoup à faire, l’action de Cécile y contribue chaque jour un peu plus, à son échelle, et elle n’est pas prête de s’arrêter.
Le saviez-vous ?
120 000 emplois sont directement liés à la mer dans la Région Sud. Cela représente 60 000 postes à flot dans les 135 ports de plaisance.